Peux tu présenter le syndicat ? Comment a-t-il été créé ? Quels sont ses objectifs ?

L’Union of Agricultural Work Committees (UAWC) est une ONG palestinienne indépendante, spécialisée dans le développement agricole, la protection de l’environnement et le renforcement des communautés rurales. Elle œuvre pour soutenir la sécurité alimentaire, la durabilité environnementale et les moyens de subsistance des agriculteurs palestiniens. L’UAWC a été fondée en 1986 à l’initiative d’un groupe d’agronomes bénévoles, dans le but de répondre aux défis agricoles et sociaux engendrés par l’occupation israélienne. Elle est née de la volonté de soutenir les communautés rurales palestiniennes, en particulier dans les zones les plus vulnérables, tout en préservant la terre et les ressources naturelles face aux pressions politiques et économiques.

Que représentent les oliviers pour peuple palestinien ? 

Les oliviers représentent bien plus qu’une simple ressource agricole : ils incarnent l’identité, la mémoire et le sumoud (ndlr : en arabe, ténacité, persévérance). Hérités de génération en génération, ces arbres symbolisent l’attachement profond à la terre et constituent un lien vivant avec l’histoire et la culture palestinienne. Sur le plan économique, l’olivier est une source essentielle de revenus et de sécurité alimentaire, notamment grâce à la production d’huile d’olive, un produit emblématique. La saison de récolte a toujours été considérée comme une occasion sociale essentielle, largement célébrée par les familles palestiniennes : hommes, femmes et enfants se retrouvent pour participer à la récolte, partager des plats traditionnels palestiniens, et écouter les récits des grands-parents sur la vie et les traditions d’il y a 40 ou 50 ans.

Pourquoi et comment Israël détruit-il les oliviers palestiniens ? Peux-tu faire un rappel historique de leur destruction ?

La destruction des oliviers palestiniens par l’occupation israélienne est une pratique systématique, motivée par des raisons politiques, économiques et symboliques. Ces arbres, symbole de l’identité, de la culture et de la résistance palestinienne, poussent souvent sur des terres convoitées pour l’expansion des colonies. Les déraciner permet non seulement de confisquer des terres, mais aussi d’affaiblir l’économie agricole palestinienne et de briser le lien historique entre le peuple et sa terre. Les méthodes utilisées incluent le déracinement direct, le brûlage, la coupe, la destruction des systèmes d’irrigation ou l’impossibilité d’accéder aux terres. Cette pratique existe depuis l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza en 1967, et se poursuit chaque année, surtout pendant la saison de récolte. Selon des rapports d’organisations locales et internationales, tels que celui d’Oxfam paru en septembre 2025, plus de 800 000 oliviers palestiniens ont été détruits depuis 1967, soit une perte immense pour l’agriculture, l’identité et la mémoire collective palestinienne.

Quelles sont les conséquences de la destruction des oliviers sur le peuple palestinien ?

Économiquement, elle prive des milliers de familles palestiniennes de leur principale source de revenus et d’une part essentielle de leur sécurité alimentaire, augmentant la pauvreté et la dépendance. Sur le plan culturel, elle efface une part importante du patrimoine palestinien, car l’olivier est un symbole central de l’identité, de l’histoire et du sumoud du peuple palestinien. Socialement, la perte des oliviers affaiblit le tissu communautaire, car la saison de récolte, qui rassemble familles et villages autour d’un moment de partage, disparaît progressivement. Enfin, sur le plan politique, cette destruction systématique constitue un outil de dépossession et d’érosion des droits des Palestiniens, visant à limiter leur présence sur leurs terres et à affaiblir leur lien avec leur identité et leur terre.

A travers les enjeux des oliviers palestiniens, peux-tu expliquer en quoi la lutte écologique est liée à celle contre le génocide en cours?

La lutte pour la protection des oliviers palestiniens est intrinsèquement liée à la lutte contre le génocide en cours. Protéger les oliviers, c’est préserver non seulement un patrimoine naturel, mais aussi défendre le droit à vivre, à exister et à résister face à un projet de domination et d’annihilation. Ainsi, la lutte écologique devient un acte politique, humanitaire et une composante essentielle de la lutte contre le génocide.

Comment agit ton syndicat pour préserver la culture des oliviers ? 

L’UAWC agit activement pour défendre les paysans et leur droit de cultiver librement et de manière indépendante, avec un accès complet à leurs ressources légitimes. Concernant les oliviers, notre campagne de récolte constitue le moment clé pour démontrer ce soutien et cet engagement en faveur de la préservation de l’olivier palestinien, symbole précieux de notre patrimoine.

Cette campagne vise à accompagner les paysans, en particulier ceux dont les terres se trouvent en zone C, confrontés à de nombreux défis imposés par l’armée israélienne et les colons, qui multiplient les attaques. Organisée non seulement au niveau local, elle mobilise également des volontaires venus du monde entier souhaitant agir concrètement en solidarité avec la Palestine. Participer à la récolte ne se limite pas à un travail physique : c’est un puissant geste de solidarité et de soutien envers les paysans..

Quelles sont les différentes victoires de votre syndicat ?

L’UAWC a obtenu de nombreux succès concrets au fil des années. Nous atteignons annuellement 20 000 agriculteurs en zone C, installons 3000 km de canalisations d’irrigation et aménageons 10 000 hectares de pâturages. Nous avons récupéré et réhabilité 20 000 hectares de terres, construit 2000 km de routes agricoles et érigé 2 125 000 murs de soutènement. Grâce aux efforts de l’UAWC, l’accès à l’eau pour les agriculteurs a augmenté de 300 000 m³, 50 variétés de semences locales indigènes ont été protégées et plus de 2 000 000 d’arbres ont été plantés. Ces réalisations illustrent notre engagement constant pour la préservation de l’agriculture palestinienne et des droits des paysans.

Propos recueillis par Nicolas Delcros, le 3 octobre 2025


Comment peut-on agir depuis la Provence pour la préservation des oliviers palestiniens ?

Il existe plusieurs façons de soutenir cette cause :

  • Sensibiliser régulièrement autour de soi sur la situation des paysans oléicoles palestiniens et dénoncer les attaques graves menées par les colons, telles que le brûlage ou l’arrachage des oliviers.

  • Faire un don pour soutenir les projets de l’UAWC en faveur des paysans.

  • Participer à la campagne de récolte l’année prochaine.


Pour aller plus loin :

Communiqué de la Confédération Paysanne condamnant l’attaque de la banque de semence de l’UAWC

Pétition pour la solidarité avec les paysan·nes et les communautés rurales en Palestine occupée, par l’organisation internationale Via Campesina

Récolte des olives en Palestine © Sana, membre de l'UAWC

Récolte des olives en Palestine © Sana, membre de l’UAWC

« On est capables de sortir des chemins tout tracés ; il faut juste un peu rêver »

Vous l’aurez peut-être vu circuler en France durant l’été 2025 : ce très très grand vélo, fabriqué chalumeau en mains par Timothée, avec du matériel de récupération. Juché sur sa selle, il a roulé de Marseille à Paris, jusqu’à la Vélorution qui s’y tenait, et retour. Une sacrée expérience, qu’il nous raconte dans ce podcast. Avec, puisqu’en pédalant on a le temps de penser, ses réflexions sur le partage de l’espace public, l’esprit punk des cyclistes qui a changé avec le vélo électrique, les effets du chaos climatique observé durant son voyage, les rêves et le moral de la population française.

Un podcast réalisé par Gaëlle Cloarec, le 26 septembre 2025

 

 

Le vendredi 26 septembre, Aix-en-Provence a accueilli un colloque inédit sur le droit de l’environnement. Organisé par le barreau local et l’École des Avocats du Sud-Est (EDASE), l’événement s’est tenu  dans le cadre des 20 ans de l’adoption de la Charte de l’environnement. Alors que 80 participants étaient initialement attendus, près d’une centaine d’avocats, de magistrats, d’étudiants, de représentants d’associations et de citoyens se sont réunis pour l’occasion. Cela témoigne d’un intérêt croissant pour cette matière juridique encore en construction, aussi bien dans la sphère du droit que dans la société civile.

Une Charte ambitieuse mais fragile

Adoptée en 2005 et disposant d’une valeur constitutionnelle, la Charte garantit à travers son article premier « le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ». Vingt ans plus tard, son application reste encore limitée d’après les juristes. Didier Del Prête, président de la commission droit de l’environnement du barreau d’Aix, met en avant des principes clairs de « prévention, précaution et pollueur-payeur » issus de cette charte. Monika Mahy-Ma-Somga, bâtonnière du barreau d’Aix en Provence insiste quant à elle sur le manque d’application de ces derniers. Le colloque a mis en lumière ce paradoxe et a ouvert le débat sur les moyens de rendre ces principes concrets dans les tribunaux comme dans la vie quotidienne. Il a également insisté sur l’importance d’une appropriation plus large par les citoyens pour que la Charte devienne un véritable levier de protection de l’environnement.

Des experts au coeur du débat

La journée a réuni des experts juridiques de renom comme Yann Aguila, ancien membre du Conseil d’État, Jean-Christophe Duchon-Doris, président de la cour administrative d’appel de Marseille et Arnaud Gossement, avocat spécialisé en droit de l’environnement et professeur associé à l’université Paris I. Tous ont partagé leurs analyses juridiques et témoigné leurs expériences sur plusieurs affaires environnementales. Ils ont souligné le rôle croissant de la Charte dans les litiges environnementaux et son potentiel pour guider les décisions des tribunaux à l’avenir.

Un rendez-vous concret appelé à être reconduit

Les débats ont permis de croiser les regards entre experts et grand public, rapprochant le monde juridique des réalités du terrain. Les avocats participants ont pu valider six heures de formation continue, renforçant l’attractivité de l’événement. Stéphane Coppey, de France Nature Environnement, insiste sur le potentiel de la Charte : « Plus elle sera utilisée dans les tribunaux, plus elle deviendra un outil concret pour protéger l’environnement ». Cette première édition a posé les bases d’un dialogue constructif entre juristes et société civile. Fort du succès de la journée, le barreau d’Aix-en-Provence et l’École des Avocats du Sud-Est envisagent déjà de renouveler l’expérience. Ces rencontres pourraient devenir un rendez-vous annuel, mettant le droit au service de la transition écologique et donnant vie à la Charte pour protéger l’environnement.

Amélien Gay
le 5 octobre 2025

La Ferme du Roy d’Espagne est une structure pédagogique qui se situe dans le 9e arrondissement de Marseille. Elle est gérée et animée par l’association La Nacée qui pratique une activité agricole riche et variée mêlant poulailler, ruche, plantes aromatiques, maraîchage et élevage. Elle ouvre ses portes au public les mercredis après-midis et samedis matins lors de ses marchés, mais aussi aux écoles, à l’occasion de sorties pédagogiques qui proposent des activités autour de la vie à la ferme et de l’alimentation locale. L’objectif est de préserver un quartier encore vert, grâce à l’effort collectif de ses membres, ainsi que d’habitants volontaires du quartier, prêts à apporter leur aide pour sensibiliser aux enjeux agricoles et promouvoir l’agriculture paysanne. Depuis 2021, la ferme est également labellisée agriculture biologique.

 

 

Afin d’accroître sa visibilité auprès des marseillais, l’équipe de la ferme a opté pour une reprise du clip et de la mélodie du morceau Bande organisée créé par le collectif de rappeurs marseillais composé de SCH, Jul, Kofs, Naps, Soso Maness, Elams, Solda et Houari. Dans cette adaptation, on peut retrouver dès les premières paroles la mise en valeur des aliments issus de la production de la ferme : « Viens les goûter ! Roy d’Espagne, légumes bio, Bien sûr, c’est du quartier ! ». Au fil des refrains, on peut repérer un message fort : manger local et résister à la nourriture transformée et importée. « A nous les terres bétonisées! Basta la bad bouffe qui nique tout ! Basta la bad bouffe chimique bouh ! Basta la malbouffe ! Basta la malbouffe ! ». Choisir une reprise de cet immense succès est un choix judicieux sur le plan de la communication, puisque le clip capte l’attention et fait réfléchir. Cette stratégie s’est révélée concluante puisque la vidéo cumule aujourd’hui pas moins de 305 000 vues depuis sa mise en ligne il y a quatre ans, en juillet 2021.

Pourquoi est-ce important pour la ferme de toucher un large public ?

La ferme du Roy d’Espagne accorde une grande importance à sa visibilité, afin de préserver l’impact positif qu’elle exerce sur son environnement. Cet impact est d’abord écologique puisqu’elle permet de réduire l’empreinte carbone liée au transport alimentaire. Mais il est aussi important de souligner son impact social. L’ouverture de ses portes aux classes scolaires, aux maisons de quartier, aux Instituts Médico-Éducatifs (IME) et aux structures médico-sociales permet de toucher des publics variés souvent éloignés de l’accès à une agriculture locale et à une éducation environnementale. Elle leur offre la possibilité de découvrir le monde agricole en pleine ville.

Lola Dupré
4 octobre 2025

« Les Alpes françaises ont été élues hôtes des Jeux Olympiques d’hiver de 2030. Ces Jeux ont vocation à établir un lien entre le nord et le sud des Alpes françaises pour en faire une plaque tournante des sports d’hiver, dans le but d’apporter un maximum de bénéfices sociaux et économiques aux populations. Les Alpes françaises 2030 ont pour ambition d’organiser des Jeux responsables et durables, ouverts à tous ». Voilà le projet annoncé par le Comité International Olympique (CIO), en p. 24 de son rapport annuel pour l’année 2024. De son côté, Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, a assuré à maintes reprises que ces Jeux  seraient « les plus sobres de l’histoire », tant d’un point de vue économique qu’écologique.

Cet article fait suite à un premier papier publié sur les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 et les dérives démocratiques qu’ils impliquent. Ici, nous nous consacrerons à comprendre les impacts sociaux, économiques et environnementaux des Jeux, d’après l’analyse développée par le Collectif Citoyen JOP 2030.

Zoom sur le droit de l’environnement

À l’échelle internationale, les piliers du droit de l’environnement ont été concrétisés dans la Convention d’Aarhus, ratifiée par la France en 1998, puis transcrite dans notre droit interne, à travers la Charte de l’environnement, partie intégrante du bloc constitutionnel. Cette convention stipule notamment que pour tout projet impactant l’environnement, il est nécessaire de mettre en place des mesures de consultation et de participation du public le plus tôt possible et tant que des alternatives au projet sont envisageables. Par ailleurs, de tels projets doivent également donner lieu à une étude environnementale (une telle étude était préconisée pour les JOP 2030 par l’Autorité environnementale dès novembre 2024, sans que cet avis n’ait une quelconque influence). Néanmoins, ces deux conditions n’ont pas été respectées dans le cadre des JOP 2030.

La convention d’Aarhus est supposée être contraignante : tout État l’ayant ratifiée et contrevenant à ses règles est susceptible de poursuite et d’éventuelles sanctions. Le collectif a donc saisi le comité d’Aarhus, tout en sachant que lorsque celui-ci interviendra, il sera déjà trop tard pour les JOP d’hiver. Pour le collectif, il s’agit avant tout d’externaliser le contentieux. « Il n’existe pas de réelle indépendance de la justice administrative par rapport aux volontés politiques du gouvernement français. On sait que le Conseil d’État n’ira jamais à rebours du président de la République, pour dire qu’effectivement, le contrat olympique est illégal » avance Delphine Larat, membre du Collectif Citoyen JOP 2030. Avant d’appuyer : « Mais externaliser un contentieux nous permettra de médiatiser à un niveau international, et de viser un organisme qui dépend des Nations-Unies [le comité d’Aarhus], qui est supposé être complètement transparent. Ce qui est important, c’est de remettre de la transparence là où il y a énormément d’opacité, mais aussi d’avertir les autres pays qu’il peut y avoir des sanctions ».

À l’échelle française, l’article 7 de la Charte de l’environnement énonce sensiblement la même chose que la convention d’Aarhus1 : « Il faut qu’il y ait une mesure d’information et de participation du public, notamment par le biais de la Commission Nationale du Débat Public [CNDP], selon des dispositions qui sont ensuite précisées dans le code de l’environnement », ajoute Delphine. De fait, la saisine de la CNDP est obligatoire lorsque le budget d’un projet relatif à l’installation d’équipements culturels et sportifs est supérieur à 460 M d’euros. Par ailleurs, celle-ci est supposée être saisie par les maîtres d’ouvrage du projet, en l’occurrence, le Comité National Olympique et Sportif Français au moment de la candidature (CNOSF), accompagné désormais par la SOLIDEO et le COJOP. Bien que la CNDP ait été interpellée à plusieurs reprises par des ONG agréées, un conseiller régional et des député·es, et qu’elle ait elle-même sollicité le CNOSF, celui-ci n’a jamais fait les démarches nécessaires pour la saisir. (Cliquer sur les enveloppes ci-dessous puis sur les liens pour consulter les courriers adressés à des élu·es par le Président de la CNDP).

« Les porteurs du projet nous disent qu’il y aura des consultations infrastructure par infrastructure, ils répondent à la consultation nationale par une consultation site par site. Je ne sais pas comment fonctionne la CNDP, mais à partir du moment où de l’argent public est mis sur la table, je pense que toute la population française devrait être impliquée. Là, ils envisagent de faire ça projet d’infrastructure par projet d’infrastructure, par voie électronique, avec des délais restreints. Normalement vous avez des délais, des rapporteurs qui doivent être désignés et qui ont des garanties d’indépendance, qui doivent produire des rapports d’une certaine manière, qui doivent retranscrire l’intégralité des retours qui sont faits par les personnes qui sont venues déposer leur contribution. C’est une sorte d’interface, et cette commission est supposée être indépendante et doit faire en sorte que les conclusions retranscrivent effectivement ce qui a été dit par la population », explique Delphine. À ce jour cependant, aucune mesure n’a été prise par l’État ou les structures organisant les Jeux pour consulter la population française.

De leur côté, les Chambres régionales des comptes des régions PACA et AURA ont chacune émis un avis – respectivement en décembre 2023 et février 2024 –, constatant toutes deux que l’économie de « l’or blanc » touchait à sa fin, et que l’argent des contribuables ne pouvait continuer d’alimenter les stations de ski et toutes les infrastructures qui lui sont connexes (canons à neige, retenues collinaires…). Le projet des JOP 2030 va ainsi complètement à l’encontre de leurs conclusions, supposées être prises en compte par les régions pour mener des politiques publiques en prise avec leur territoire.

Les impacts sociaux et environnementaux des Jeux

Pour documenter les impacts sociaux et économiques que les Jeux pourraient avoir sur la population des Hautes-Alpes, le collectif travaille actuellement avec Monique Pinçon-Charlot, sociologue et ancienne directrice de recherche au CNRS, ayant travaillé une grande partie de sa vie sur l’oligarchie française et les classes supérieures de la société de manière générale.

Ainsi, d’après le collectif, les JOP d’hiver permettraient de mettre un coup de projecteur sur une région encore peu connue à l’échelle nationale et internationale. En effet, les Hautes-Alpes font partie des départements les moins peuplés de France, avec 141 677 habitant·es recensé·es par l’INSEE en 2022. Avec cette visibilité nouvelle, celles-ci pourraient connaître une montée en gamme de la clientèle des stations de sports d’hiver, entraînant un effet de gentrification, le coût de la vie et les prix de l’immobilier devenant prohibitifs pour la population locale. De fait, le revenu moyen d’un ménage haut-alpin se situait en 2023 autour de 2100 euros par mois, selon des données issues des déclarations fiscales. Si le foyer est composé de deux personnes ou plus, celui-ci bascule sous le seuil de pauvreté. Dans ce contexte, quel sera l’avenir de la population haute-alpine sur son territoire, après le passage des Jeux ?

Par ailleurs, ceux-ci risquent de renforcer la dépendance de l’économie du territoire au travail saisonnier, et donc celle de sa population. « Plutôt que de poursuivre dans une société de services, pourquoi ne pas orienter davantage les financements vers le développement d’une agriculture de montagne résiliente ? Un projet qui serait beaucoup plus approprié avec l’avenir qui nous attend. », poursuit Delphine.

Quant aux impacts environnementaux, ceux-ci n’ont pas encore été mesurés avec précision. Néanmoins, le collectif cherche à s’entourer d’une équipe experte sur le sujet. « Nous avons du mal à recruter à ce niveau-là », regrette-t-elle. « Le récit autour des Jeux séduit encore beaucoup, et l’échéance est tellement lointaine que les gens ont du mal à envisager qu’il faille se mobiliser dès maintenant ».

Sans trop s’avancer cependant, Delphine émet quelques points clés. Premièrement, la gestion des communs, et en particulier celle de l’eau. Doit-on continuer de produire de la neige artificielle pour concevoir des pistes de ski, au détriment d’une préservation de la ressource essentielle à notre avenir ? Elle évoque également les écosystèmes de montagne : « On a des écosystèmes extrêmement fragiles en montagne. Nous devons les protéger. Un site dans les Alpes, qui a été impacté, mettra beaucoup plus de temps à se régénérer qu’un écosystème tropical par exemple, où tout pousse rapidement ». Par ailleurs, comme précisé précédemment, l’argent nécessaire au déploiement des Jeux pourrait être employé au réaménagement du territoire, afin que la région ne dépende plus uniquement du tourisme, qui repose essentiellement sur les stations de sports d’hiver et les activités pratiquées en eau vive – sur la rivière de la Durance notamment – et sur le lac de Serre-Ponçon. De fait, ces secteurs sont déjà fortement impactés par le réchauffement climatique, qui ne peut que s’aggraver. Il est donc plus que nécessaire de penser une diversification de l’économie du territoire, en adéquation avec les enjeux climatiques et environnementaux.

Piste de ski au Grand Bornand, Haute-Savoie © Lou Veyrat-Parisien

Piste de ski au Grand Bornand, Haute-Savoie © Lou Veyrat-Parisien

Comment agir ?

Le collectif s’active sur de nombreux plans. « Dans l’immédiat, notre meilleur espoir, c’est de faire en sorte que les députés soient conscients des enjeux autour du projet de Loi Olympique, et s’y opposent. On veut aussi leur faire comprendre que le projet de Loi Olympique n’est pas un passage obligé, qu’ils peuvent refuser de le voter. Le Sénat et l’Assemblée nationale ne sont pas supposés être des chambres d’enregistrement ». Quelques-un·es de ses membres ont notamment été auditionné·es le mardi 16 septembre, lors d’un colloque organisé à l’Assemblée nationale par le député insoumis Jean-François Coulomme, auquel ont pris part des député·es. Iels ont profité de cette journée pour organiser une conférence de presse, donnant lieu à de nombreux articles (y compris à l’échelle internationale). Le collectif a également été auditionné le 2 octobre, au sein de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation, suite à l’invitation du député Frédéric Maillot. « L’objectif ici est de convaincre les députés d’auditionner rapidement l’Inspection Générale des Finances (IGF). C’est elle qui détient une véritable expertise du coût des Jeux et qui sera en mesure de les expliciter en connaissance de cause ».

Dans un second temps, le collectif prévoit aussi de mobiliser les député·es dans le cas où la troisième garantie financière (lire la première partie pour le détail de ces garanties) serait intégrée au projet de Loi de Finances 2026 (voire 2027). Enfin, à l’échelle nationale, il compte sur les élections municipales à venir (2026) pour faire changer les choses. « Ce seront les maires qui devront prendre les arrêtés nécessaires pour opérationnaliser les Jeux. Nous aurons peut-être une marge de manœuvre de ce côté-là, en fonction de qui est élu aux prochaines élections ». Il table également sur la future présidentielle (2027).

Par ailleurs, le collectif a attaqué en justice le CIO auprès du Tribunal Administratif de Lyon, afin de demander la suspension du contrat olympique. Ici, l’échéance s’avère être très proche : « Si le projet de Loi Olympique passe à l’Assemblée nationale dans les semaines qui viennent, tout ce que nous avons identifié comme des irrégularités vis-à-vis du droit français dans le contrat olympique sera régularisé, et notre action risque de devenir sans objet ».

À terme, le collectif souhaiterait également faire modifier la Charte de l’environnement, inscrite dans la Constitution : « Nous demandons à ce qu’il soit précisé dans le code de l’environnement que les mesures d’information et de participation du public aient lieu très en amont du projet, et à tout le moins, lorsque des alternatives au projet sont encore envisageables ». En somme, une précision concernant les délais déjà actée dans la Convention d’Aarhus, qu’il suffirait d’ajouter à la Charte de l’environnement.

À ce sujet, le collectif a saisi le mardi 16 septembre les tribunaux de Paris, Lyon et Marseille, afin d’inclure cette précision dans la Charte. Cette action détient cependant un autre objectif : ordonner aux différents maîtres d’ouvrage des JOP 2030 d’organiser une consultation du public. Le jour-même, le tribunal de Marseille a transmis la requête du collectif à la SOLIDEO, la Région PACA et le département des Bouches-du-Rhône. Celles-ci devaient répondre au tribunal avant le 28 septembre.

Le collectif a entrepris une troisième et dernière action en justice, auprès du Comité d’Aarhus, afin de faire condamner la France pour son non-respect de la Convention.

Enfin, un déplacement au CIO est prévu le 24 octobre prochain, en compagnie de député·es, de sénateur·ices et d’élu·es, se voulant représentatif·ves du territoire. « Rien n’est sûr pour le moment, mais le CIO sera peut-être plus enclin à accepter une demande de rendez-vous venant de la part d’un député ou d’un sénateur… Quoiqu’il en soit, ce convoi aura lieu ». Il permettrait notamment de demander au CIO d’annuler les Jeux, ou du moins, de les reporter, afin de mettre en place une mesure de consultation du public, mais également des études d’impact et des études environnementales en particulier.

En tant que citoyen·ne, comment soutenir la lutte ?

Pour Delphine, l’important reste de médiatiser le combat et les enjeux autour des JOP 2030. Il est également possible de soutenir financièrement le collectif, pour l’aider dans ses différentes actions en justice. Une pétition demandant la suspension du contrat olympique est notamment disponible en ligne. Le site du collectif comporte également une boîte à outils, comprenant des mails rédigés à destination des élu·es, afin de les solliciter au sujet de JOP.

Pour finir, j’ai demandé à Delphine ce qui lui semblait important de transmettre aux lecteurs et lectrices de cet article. « Il faut que les gens comprennent qu’il est nécessaire d’agir maintenant. Nous pourrons toujours lutter une fois que les travaux démarreront, mais ce sera beaucoup plus difficile. Si nous souhaitons que le projet ne voie jamais le jour, il faut s’activer dès maintenant, et notamment sur le plan juridique. Il est encore possible de faire marche arrière ! ».

Elle insiste également sur le fait qu’il ne s’agit « pas juste d’une histoire de JO. Détricoter comme ça notre loi, nos droits, avec la Loi Olympique, c’est un affaiblissement de notre État de droit, qui s’inscrit dans un contexte où nous avons de moins en moins de contre-pouvoirs ». À l’heure où les médias sont concentrés dans les mains d’une poignée de milliardaires, où la justice est prise pour cible par des personnalités politiques, il est plus qu’urgent de veiller au respect des droits et libertés, et de s’opposer aux atteintes qui y sont portées.

Lou Veyrat-Parisien
Septembre 2025

1 Article 7 de la Charte de l’Environnement : « Toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement. »

Haute-Savoie, près du Mont Charvin © Lou Veyrat-Parisien

Haute-Savoie, près du Mont Charvin © Lou Veyrat-Parisien

 

« Les Alpes françaises ont été élues hôtes des Jeux Olympiques d’hiver de 2030. Ces Jeux ont vocation à établir un lien entre le nord et le sud des Alpes françaises pour en faire une plaque tournante des sports d’hiver, dans le but d’apporter un maximum de bénéfices sociaux et économiques aux populations. Les Alpes françaises 2030 ont pour ambition d’organiser des Jeux responsables et durables, ouverts à tous ». Voilà le projet annoncé par le Comité International Olympique (CIO), en p. 24 de son rapport annuel pour l’année 2024. De son côté, Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, a assuré à maintes reprises que ces Jeux seraient « les plus sobres de l’Histoire », tant d’un point de vue économique qu’écologique.

Pour comprendre quels seraient les véritables impacts de ces Jeux, j’ai interrogé Delphine Larat, membre du Collectif Citoyen JOP 2030. Cet entretien m’a conduite vers d’autres aspects des Jeux que je n’avais jamais envisagés jusqu’à présent. Le collectif, composé de juristes, d’avocat·es et de citoyen·nes, s’attache essentiellement à étudier les volets juridique et budgétaire du projet. Sur cette base, il s’est donné trois missions : informer, créer un lien avec les citoyen·nes, les médias et des personnalités politiques, et défendre nos droits, à travers des actions judiciaires.

Delphine s’est penchée sur le dossier des JOP 2030 à la demande de ses filles. « Elles ont toutes les deux skié à assez haut niveau pendant plusieurs années, et sont très attachées à leur territoire. Comme elles sont aussi sensibilisées à l’écologie, elle m’ont demandé de faire quelque chose ». De son côté, Delphine est formée à la coordination de projet de solidarité internationale, et a longtemps exercé en tant que consultante en évaluation de projet dans ce même domaine. « C’est mon métier, d’absorber des rapports et de produire des synthèses. Pour les JOP 2030, j’ai fait exactement la même chose ». Petit à petit, elle s’est rapprochée d’autres collectifs – NO JO, Attac 05 entre autres – et a fait la connaissance de plusieurs personnes qui l’ont rejointe dans ce combat. Cet article s’appuie sur leurs analyses, qui font suite à de longues heures de lecture de rapports de plusieurs centaines de pages. Une démarche ardue mais primordiale, pour remettre un peu de clarté dans des documents rendus volontairement opaques. La lutte pour la démocratie passe également par là.

La France, candidate aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2030

Le Comité International Olympique (CIO) est l’organisateur des Jeux Olympiques. Pour devenir candidat aux Jeux – et donc pays hôte – un État se doit de souscrire à un contrat d’adhésion défini par le CIO et de répondre à un certain nombre de garanties, fixées au nombre de 23 pour les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030. Le futur candidat doit également fournir un budget prévisionnel au CIO.

La France est devenue officiellement candidate le 7 novembre 2023, et a soumis un budget de 1,9 milliards d’euros au CIO, parmi lesquels 462 millions d’euros proviendraient de financements publics. Des chiffres qui ont cependant été réévalués dans un rapport mis en lumière par France Culture, le 15 septembre 2025. Ce rapport, à ce jour non publié, a été réalisé par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR), à la demande de Michel Barnier, avant son départ du gouvernement. Ainsi, le budget atteindrait davantage les 2,19 milliards d’euros, avec 724 millions d’euros d’argent public.

Ce budget ne couvre cependant que les frais du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP), chargé de l’organisation et de la planification des Jeux. Parallèlement à celui-ci, la France doit également tenir compte de deux autres budgets : celui de la SOciété de LIvraison DEs Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) et un troisième couvrant les frais de mobilisation des administrations, permettant de mettre les services publics à disposition du CIO. Pour les Jeux de Paris 2024, ce budget représentait près de 2,1 milliards d’euros, selon la note d’étape de la Cour des Comptes datant de juin 2025, en p. 9. Bien que ces deux budgets soient certainement les plus conséquents, la France n’a jamais pris la peine de fournir ses estimations les concernant.

Précisons que la France a été sélectionnée au détriment de la Suisse et de la Suède, les deux autres candidates en lice. De fait, ces deux pays ont pour obligation de consulter leur population quant à l’organisation des Jeux sur leur territoire. « Le CIO ne voulait donc pas prendre le risque de sélectionner des candidats dont les populations seraient susceptibles d’infirmer le processus de candidature », explique Delphine. Un message on ne peut plus clair sur l’état de la démocratie en France, et sur la perception qu’en détient l’international.

D’où vient l’argent des Jeux ?

Le budget des Jeux est essentiellement alimenté par quatre sources : le CIO, le pays hôte – État, régions, départements pour la France -, les sponsors du pays hôte – pour les Jeux de Paris 2024, la France avait notamment signé des contrats avec ArcelorMittal, Aéroports de Paris, Air France et LVMH – et de l’argent public.

Le Collectif Citoyen JOP 2030 s’est attelé à réaliser une moyenne des financements publics inscrits dans les budgets des comités d’organisation des Jeux pour six candidatures pour les JOP d’hiver de 2022 et de 2026. Ainsi, sur ces six candidatures, environ 9,4 % du budget des Jeux aurait été pris en charge par des financements publics, avec un maximum de 14 % pour le Kazakhstan. Ce taux s’élève à 23 % dans le budget prévisionnel français pour les JOP 2030, un record mondial1

Notons par ailleurs qu’au vu des délais extrêmement restreints entre la signature du contrat entre le CIO et les diverses parties prenantes – le CIO n’ayant apporté sa signature que le 9 avril dernier – et la livraison des Jeux, le budget pour la réalisation des infrastructures risque d’exploser. De fait, les prestataires bénéficient habituellement d’un délai de sept à huit ans pour concevoir les infrastructures, contre un délai de quatre ans dans le cas des Jeux 2030, celles-ci devant être livrées fin 2029. Une réduction qu’ils pourront utiliser pour justifier une hausse des prix.

Par ailleurs, nous parlons ici des budgets de candidature. Mais comme l’explique Delphine Larat : « On sait que tous les budgets qui sont dans les dossiers de candidature ont explosé. » Pour Paris 2024, le taux de dépassement du budget s’élève à 454 %, d’après un calcul effectué par le collectif, sur la base de la note d’étape de la Cour des Comptes citée précédemment.

Le Chinaillon, Haute-Savoie © Lou Veyrat-Parisien

Le Chinaillon, Haute-Savoie © Lou Veyrat-Parisien

Les garanties

Quant aux garanties, celles-ci couvrent de nombreux secteurs. Dans un premier temps, la France a livré trois garanties financières au CIO (voir encadré ci-dessous pour retrouver les détails de ces garanties). Une première estimée à 500 M d’euros, qui permettra de rembourser le CIO pour l’argent déboursé afin d’aider à l’organisation des Jeux. Néanmoins, ce chiffre n’est pas figé dans le temps. Si les Jeux sont annulés, le remboursement dépendra des sommes déjà versées par le CIO, mais également des dommages et intérêts que celui-ci sera en droit de réclamer, qui feraient probablement l’objet de négociations entre le CIO et l’État français.

Une deuxième garantie concerne ensuite uniquement l’État et les régions Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA). Les régions seront nécessairement contraintes d’emprunter pour pouvoir financer une partie des Jeux, notamment les infrastructures de transport (bus, trains), et assurer le fonds de trésorerie. L’État s’est ainsi porté garant pour ces emprunts, estimés à 200 M d’euros selon le rapport de l’IGF cité précédemment.

Enfin, si le COJOP présente un déficit à l’issue des Jeux, l’État se porte également garant pour prendre en charge ce déficit quel que soit son montant.

Dans un contexte où la France est en procédure de redressement financier par la Commission européenne, et dans la mesure où l’État devrait réaliser des économies importantes au cours de l’année 2026, est-il vraiment raisonnable de s’engager dans de pareilles dépenses, dont une grande partie est inconnue à ce jour ?

Contournement du droit français

Au-delà de ces garanties financières, la France a livré de nombreuses autres garanties au CIO (les références pour ces garanties sont également à retrouver dans l’encadré « Garanties » ci-dessous). Parmi elles, nous pouvons notamment citer le partage d’informations relatives à la sûreté et à la sécurité au CIO, mais aussi un accès sans réserve et prioritaire pour les personnes « accréditées » aux infrastructures de soin publiques, dont la mise en œuvre pourrait se faire au détriment des habitant·es de la région. L’État garantit également qu’il sera en mesure de fournir des bénévoles au CIO, qui répondront à l’ensemble de ses exigences – quitte à piétiner une partie du droit du travail, à commencer par le jour de congé hebdomadaire obligatoire. Enfin, le Contrat Hôte Olympique prévoit l’exonération fiscale du CIO et du chronométreur officiel des Jeux (Oméga) sur le territoire français.

Garanties

Les trois garanties financières se situent à la page 5 de la liste des garanties déterminées par le CIO. La première, estimée à 500 M d’euros, est détaillée à l’article 3.3 du Contrat Hôte Olympique, aux pages 9 et 10. Quant aux dommages et intérêts que le CIO sera en droit de réclamer en cas d’annulation des Jeux, cette mesure est mise en exergue à l’article 8.2 de ce même contrat, paragraphes b et c, page 13.

Les deux premières garanties financières ont toutes deux été inscrites dans le Projet de Loi de Finances 2025, page 183.

Par ailleurs, la deuxième et la troisième garantie sont, d’après le collectif, couvertes par l’article 5.1 du Contrat Hôte Olympique, se trouvant page 11.

La garantie sur le partage d’informations relatives à la sûreté et à la sécurité de l’État se situe à la page 2 de la liste de garanties fixées par le CIO, au point G 1.9. Elle est également étayée à l’article 17.4 du Contrat Hôte Olympique, aux pages 17 et 18.

L’accès prioritaire des personnes « accréditées » aux structures de soins est développé à la page 133 des Conditions opérationnelles du Contrat Hôte Olympique, dans la partie MED 05 – Olympic/Paralympic Village polyclinic(s). Ce point reste relativement ambigu. Il est précisé que les athlètes devront être pris·es en charge sans délais d’attente, sans pour autant que cette prise en charge affecte les utilisateur·ices des urgences.

La garantie concernant les bénévoles peut être retrouvée dans ces mêmes Conditions opérationnelles, des pages 77 à 79.

Enfin, l’exonération fiscale du CIO et d’Oméga est précisée à l’article 22.3 du Contrat Hôte Olympique, page 20.

En somme, toute une série de mesures illégales du point de vue du droit et de nombreux codes français (travail, urbanisme, environnement, patrimoine…). Mais c’était sans compter la Loi Olympique, qui permettrait de modifier les règles du jeu…

Le projet de Loi Olympique a été adopté le 24 juin 2025 au Sénat, via une procédure accélérée. Ainsi, ce projet de loi ne pourra faire l’objet d’un processus de navette parlementaire entre le Sénat et l’Assemblée nationale, pourtant constitutif du débat démocratique. Par ailleurs, il a été renvoyé au Sénat à la commission des affaires culturelles et de l’éducation, « à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement ».

Ce projet de loi doit être discuté au sein de l’Assemblée nationale à la rentrée. Cependant, s’il présente « trop » d’amendements, il est fort probable, estime Delphine Larat, qu’il fasse l’objet d’une motion de rejet et soit renvoyé en commission mixte paritaire, à l’image de la Loi Duplomb. Dans ce cas de figure, le retour en arrière sera impossible. L’encadré ci-dessous résume quel est le processus parlementaire habituellement suivi lors de l’examen des futures lois.

Fonctionnement législatif 

Pour rappel, le Sénat, comme l’Assemblée nationale et le Conseil Économique, Social et Environnemental sont composés de différentes commissions, travaillant sur des projets ou propositions de loi ciblées pour chacune d’entre elles. « Tous les Sénateurs, à l’exception du Président du Sénat, font partie de l’une des sept commissions permanentes, qui couvrent l’ensemble des champs de l’action publique. Les commissions se réunissent généralement chaque semaine pour examiner des textes législatifs ». Ce sont ensuite les rapporteur·euses désigné·es par ces commissions qui présentent un projet ou une proposition de loi lors des assemblées plénières, à l’ensemble des sénateur·ices / député·es, et exposent le résultat de leurs discussions en interne.

Certains projets ou propositions de loi peuvent être communs à plusieurs commissions de travail. C’est notamment le cas du projet de Loi Olympique, qui, de par son ampleur, était susceptible de toucher la commission des affaires culturelles et de l’éducation, mais aussi celle de l’aménagement du territoire et du développement durable, celle des finances, des affaires sociales, des affaires économiques… En somme, la quasi-intégralité des commissions du Sénat. Dans ce cas de figure, le projet de loi peut faire l’objet d’une commission spéciale, réunissant différents membres (si ce n’est la totalité) de chaque commission. Cependant, étant donné que le gouvernement a saisi le Sénat trop tardivement, celui-ci n’a pu mettre en place de commission spéciale, réunissant différentes expertises. Ainsi, le projet de loi n’a pu être analysé que du point de vue de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, certes important, mais pas suffisant… Bien qu’il semble s’agir d’un aspect moindre, il est d’ores et déjà question d’une atteinte au processus de dialogue démocratique.

Que prévoit le projet de Loi Olympique ?

Rappelons-le, ce projet a essentiellement pour vocation de défaire une partie de notre droit, pour satisfaire les obligations contractuelles conclues avec le CIO. Un objectif clairement annoncé dès le Titre Ier du projet : « Dispositions permettant le respect des stipulations du contrat hôte ».

Le premier article stipule que « Le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver des Alpes françaises 2030, le Comité international olympique et le Comité international paralympique sont reconnus de plein droit comme organisateurs des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2030 », une décision qui revient normalement aux fédérations sportives françaises, d’après l’article L. 331-1 du code du sport. Cependant, d’après l’Étude d’impact du projet de loi (p. 27), cette disposition présente un avantage de taille : « reconnaître par la loi la qualité d’organisateur des JOP de 2030 au CIO, au CIP et au COJOP Alpes permet, sans ambiguïté, à ces instances de bénéficier des exonérations fiscales prévues par l’article 1655 septies du code général des impôts. »

L’article 3 prévoit que du matériel et des infrastructures, auparavant soumises à des réglementations strictes concernant l’affichage de publicité, pourront ne plus répondre à ces réglementations exceptionnellement – y compris des immeubles classés ou inscrits au titre de monuments historiques.

L’article 30 énonce que « dans les communes d’implantation des sites de compétition des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2030 ainsi que dans les communes limitrophes ou situées à proximité de ces sites, le représentant de l’État dans le département peut […] autoriser un établissement de vente au détail qui met à disposition des biens ou des services à déroger à la règle du repos dominical prévue à l’article L. 3132-3 du même code en attribuant le repos hebdomadaire par roulement, pour une période comprise entre le 1er janvier 2030 et le 31 mars 2030 », soit une première atteinte au droit du travail.

L’article 34 déclare qu’« aux seules fins de prévenir la commission d’actes de terrorisme, le ministre de l’Intérieur peut […] prononcer à l’égard de toute personne […] une interdiction de paraître dans un ou plusieurs lieux déterminés dans lesquels se tient un grand événement ou grand rassemblement ». En somme, une restriction de liberté, suffisamment vague pour qu’elle puisse s’appliquer à toute personne faisant l’objet d’une procédure administrative et/ou susceptible de perturber le bon déroulement des Jeux.

Le sénateur des Hautes-Alpes, Jean-Michel Arnaud, a également ajouté un amendement au projet de loi initial, sur une extension de la mesure d’expropriation d’extrême d’urgence qui, au-delà des infrastructures sportives, pourra également toucher les infrastructures de transport (Article 15). Cette mesure permet ainsi à l’État de fixer un prix à un bien – souvent plus bas que le prix effectif du bien ciblé – et de le racheter, en déposant un arrêté d’expropriation en moins de 48 heures.

Selon le Collectif Citoyen JOP 2030, ce projet de loi impactera, s’il est adopté définitivement, plus de vingt codes et réglementations françaises. « Pourquoi ça ne fait pas bondir la population ? C’est une perte totale de souveraineté, on se soumet intégralement à une association ! », s’insurge Delphine. « Le CIO est simplement une association de droit suisse à but non lucratif. C’est comme si demain, l’association de yoga de Gap voulait faire une convention internationale à Budapest, et disait aux Hongrois : « Écoutez, vous allez détricoter votre droit, parce que voilà la manière dont je veux organiser la convention internationale de yoga ». Tout le monde trouverait ça anormal, mais c’est pourtant ce qui est en train de se passer ! »

Le collectif s’active actuellement à alerter les député·es sur le fond du projet de loi, car « la plupart d’entre eux n’ont aucune idée de ce que recouvre la Loi Olympique » selon Delphine. « Un groupe sur les JOP 2030 a été créé avec 25 députés, nous leur avons envoyé un courrier leur exposant tous les enjeux. Nous en avons également profité pour leur dire qu’en leur qualité de députés, ils devaient contrôler l’emploi des finances publiques. Nous avons aussi demandé à être auditionnés par la commission des Lois et par la commission des Finances de l’Assemblée nationale ».

Au-delà de cette activité de plaidoyer, le collectif alerte également sur un manque de dialogue avec les citoyen·nes, pourtant obligatoire d’après le droit français et le droit international… Cet aspect sera abordé dans la deuxième partie de cette enquête.

Lou Veyrat-Parisien
Septembre 2025

1 Voir p. 13 et 14 de l’Analyse Synthétique des Enjeux Juridiques et Financiers, publiée par le collectif

Hautes-Alpes, vue depuis le Morgon © Lou Veyrat-Parisien

Hautes-Alpes, vue depuis le Morgon © Lou Veyrat-Parisien

Feuilles mortes, herbe issue de la tonte, restes de culture ou fruits non consommables : une fois l’automne venu, ces déchets verts se multiplient dans nos jardins. Alors que le réflexe de bon nombre serait de les amener à la déchetterie, La Fête du Sol Vivant souhaite promouvoir leur valorisation au sein d’une gestion de proximité.

Portée par l’association Réseau Compost Citoyen, l’événement réunit, entre les 11 et 26 octobre, particuliers, associations, collectivités et professionnels du jardinage, de l’agriculture ou du paysagisme. Ils partagent alors leurs techniques de compostage, de haies sèches, de mulching [laisser les résidus de tonte finement broyés sur la pelouse Ndlr] et de paillage afin de constituer un sol vivant. « L’idée est de faire connaître, d’une manière douce, les différentes façons de gérer les déchets au jardin sur site, au plus près de leurs lieux de production », explique Charlotte Ciabrini, maître-composteur et cofondatrice de la SCOP Terre 2 Mains, qui participe pour la troisième fois à l’événement.

Sensibiliser et pratiquer

Ainsi, des jardins partagés urbains sont ouverts au public. Les particuliers font également visiter le leur. Les associations proposent, quant à elles, des animations et des stands de sensibilisation pour petits et grands. « Cette année, on s’intègre à la fête du quartier de Lodi à Marseille. C’est l’occasion de faire connaître le fonctionnement du site de compostage partagé du quartier afin que les personnes pratiquent les gestes », détaille Charlotte Ciabrini. « On aura un stand informatif avec des lectures pour les plus jeunes sur le sol et les petites bêtes ». Terre 2 Mains y animera aussi un grand jeu de l’oie familial sur le gaspillage alimentaire nommé Le Gaspi’rale. À travers la région, des webinaires, des récoltes et des distributions de compost complètent la programmation.

Accessible à tous, il n’est pas nécessaire d’être familier des méthodes de gestion des biodéchets. « On accueille généralement des convaincus qui ont pris l’initiative de se déplacer. On diversifie donc nos animations pour toucher d’autres personnes. Les ateliers pratiques rencontrent un franc succès car les gens sont toujours friands d’apprendre de nouvelles techniques », témoigne Elodie Vieu, coordinatrice régionale de l’événement.

Les avantages d’un sol vivant en Provence

Alors que les territoires de la région PACA sont fortement touchés par la sécheresse et la pollution, la Fête du Sol Vivant met en avant le paillage. Cette technique consiste à couvrir le sol situé autour des végétaux cultivés avec de la matière organique, dont des feuilles mortes ou du broyat. Cela limite l’évaporation grâce à une meilleure rétention de l’eau. L’arrosage est alors moins fréquent. « On peut faire du compostage de surface sous le paillage, et là on a tout gagné. Cela consiste à étaler ses déchets organiques, puis à les couvrir avec du paillage qui va préserver l’humidité des biodéchets et permettre aux décomposeurs de bien faire leur travail dans le sol », recommande Elodie Vieu. « Dans notre région, on en a réellement besoin », souligne-t-elle.

Animation déchets verts L’Abeille Verte, édition 2024 de la Fête du Sol Vivant

Animation déchets verts L’Abeille Verte, édition 2024 de la Fête du Sol Vivant

Réduire l’apport en déchetterie

La Fête du Sol Vivant met aussi en avant la réduction de CO2 grâce à une gestion sur site des déchets verts. « Réduire le transport des déchets à la déchetterie ainsi que leur collecte diminue la pollution émise par les véhicules », précise Charlotte Ciabrini. Par ailleurs, le retour en terre de ces ressources favorise une meilleure absorption du CO2 dans le sol.

Soutenue par l’ADEME, l’agence pour la transition écologique, et la Région Sud, la Fête du Sol Vivant profite également aux collectivités territoriales en organisant des ateliers pour faire vivre la dynamique du compostage et ainsi inciter la population à réduire les apports de déchets verts en déchetterie. Lors de l’événement, elles peuvent alors montrer aux habitants les politiques mises en place.

En région PACA, le Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) vise à réduire de 20 % les déchets verts apportés en déchetterie en 2025. Aujourd’hui, cela représente dans la région 74 kg/an/habitant. « Il y a la rencontre départementale des adhérents du Réseau Compost Citoyen à Marseille pour partager les projets et les difficultés. Cela va dans le sens d’être plus ambitieux pour les collectivités sur ces sujets », ajoute Charlotte Ciabrini. La Fête du Sol Vivant marque alors une première étape vers une prise de conscience des enjeux liés à la gestion locale des ressources du jardin.

Marianne Courbon
Le 28 septembre 2025


C’est quoi, un sol vivant ?

Un sol riche en matière organique stocke mieux le carbone, limite l’évaporation en cas de sécheresse, profite plus aux plantes et à la biodiversité. Notre interview de Jean-Claude Lacassin, pédologue, nous explique en détail de quoi il s’agit. Pour aller plus loin, consultez également le site du projet Pour des sols vivants, coordonné par notre partenaire éditorial FNE PACA. Enfin, retrouvez sur le site de l’ADEME la page dédiée aux sols.

Trois animations à découvrir pendant la quinzaine en région PACA :

  • Le 11 octobre : Café compost à Lou Pantaï à 16h à Cogolin (Var)

  • Le 19 octobre : Les 7 familles de la vie cachée des Sols à 14h à Arles (Bouches-du-Rhône)

  • Le 22 octobre : Compostage & Nettoyage d’Automne aux Jardins de la Maison de l’Alimentation et du Développement Durable à 14h00 – Saint-Vallier-de-Thiey (Alpes Maritimes)

Découvrez ici l’ensemble de la programmation

  • BAYROU S’EXCUSE ! Suite aux nombreux déplacements en jet privé de l’ancien Premier ministre François Bayrou lors de son mandat, celui-ci présente ses excuses sur sa chaîne YouTube. Pour appuyer sa rédemption, il appelle à créer des ZAD sur tous les aéroports en France et dans le monde pour mettre fin à l’aviation : « l’aviation verte n’existe pas et n’existera jamais, un bon avion est un avion qui ne décolle pas. »

  • – DE TANKS + DE CANADAIR ! Alors que les incendies de forêts ont atteint des records cette année, nombreuses ont été les critiques envers le manque de Canadair pour stopper ceux-ci. Message bien reçu du gouvernement qui annonce par la voix de son nouveau Premier ministre diminuer son budget des armées afin d’investir dans les Canadair… Ouf !

  • LA CONFÉDÉRATION PAYSANNE REJOINT LA FLOTTILLE POUR GAZA ! Des actrices, des députés, des écolos, des activistes queers, des syndicalistes et maintenant des délégués de la confédération paysanne ! Décidément il y a tout le monde sur cette flottille qui a pour but d’apporter vivres, médicaments et visibilité au peuple palestinien. Ce 22 septembre, la Confédération paysanne explique sa participation dans un communiqué : « l’identité d’un peuple est directement associée à son lien à la terre. Nous, paysan·nes de la Confédération, sommes totalement solidaires des paysan·nes de Gaza et de Cisjordanie ».

Nicolas Delcros, le 24 septembre 2025

Le 18 septembre, le programme européen d’observation de la Terre Copernicus a publié un rapport alarmant : le vieux continent a atteint un record d’émissions de dioxyde de carbone liées aux feux de forêt estivaux. Les incendies forestiers européens ont libéré 12,9 mégatonnes de carbone lors de l’été 2025. Le précédent record, datant de 2017, s’élevait à 11,4 mégatonnes.

Comme chaque été, le département des Bouches du Rhône n’a pas été épargné par les flammes. Dès le 8 juillet dernier, un départ de feu au nord des Pennes-Mirabeau a consumé près de 750 hectares de végétation, s’étendant jusqu’aux quartiers Nord de Marseille. Quelques jours plus tard, le 20 juillet, un incendie a parcouru plusieurs centaines d’hectares sur la commune de Martigues. Le 28 juillet, les communes de Port-de-Bouc et des Pennes-Mirabeau ont de nouveau été touchées, avec plus d’une dizaine d’hectares détruits. Enfin, le 8 août, 4 000 m² de végétation sont partis en fumée dans le massif de Puyloubier.

Selon le bilan des marins-pompiers de Marseille publié le 18 septembre, l’été 2025 a été marqué par 81 jours de lutte contre les flammes et 365 départs de feu. Même si ces incendies représentent une faible proportion des feux de forêt européens, ils ont contribué à libérer des dizaines de milliers de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

Il semble donc plus que jamais impératif de tenter de prévenir ces incendies pour les éviter afin de protéger les forêts européennes et provençales tout en réduisant les émissions carboniques. La lutte contre les feux de forêts représente donc un enjeu tout aussi important à l’échelle locale qu’à l’échelle internationale. D’autant plus que les incendies détruisent la végétation, assèchent les sols et rendent les milieux plus vulnérables à de nouveaux feux. En libérant d’énormes quantités de carbone, ils aggravent aussi le réchauffement climatique, qui à son tour favorise sécheresses et vagues de chaleur propices aux incendies.

Face à cette urgence, certaines initiatives locales tentent d’apporter des solutions concrètes. L’association Replanter Notre Forêt Provençale œuvre par exemple au reboisement de zones sensibles avec des variétés d’arbres plus résistantes aux flammes, créant ainsi de véritables barrières végétales. En partenariat avec le Service Départemental d’Incendie et de Secours des Bouches-du-Rhône, elle s’apprête à lancer une action dans la région de la Côte Bleue.

Amélien Gay,
le 21 septembre 2025

18 septembre 2025. Deuxième grosse journée de mobilisation dans la foulée du mouvement « Bloquons tout », rejoint par les syndicats. Les français en ont marre de n’être jamais entendus par le gouvernement, ils haussent le ton en manifestation. A Marseille, la foule est impressionnante. Sur les banderoles et pancartes, des revendications sociales, la dénonciation d’une politique qui renforce les inégalités, détruit les services publics. Des références à la politique étrangère : Gaza, Trump… Beaucoup affichent des positions anti-fascistes et anti-militaristes.

Mais on observe aussi de nombreux slogans écolos : « Pour défendre le vivant, à bas le capitalisme » ; « La santé publique a Duplomb dans l’aile » ; « Objecteur de croissance : produire moins, partager plus, décider ensemble ». Les travailleurs en grève du Parc national des Calanques portent des tee-shirts « Biodiversité menacée », avec le fameux logo en spirale dégoulinant de sang : si le budget prévu par l’ex-Premier ministre François Bayrou avait été adopté, les Parcs nationaux auraient perdu un tiers de leurs effectifs et leur statut d’établissements publics.

Tout ceci peut sembler un peu fourre-tout, mais démontre le gouffre abyssal entre les priorités du peuple et celles du pouvoir. Derrière le kaléidoscope des manifestants, se dessine un tableau très cohérent dans le refus : s’ils ne sont pas tous d’accord sur ce qu’ils voudraient -et c’est tant mieux-, en tout cas, de cette société-là, ils n’en veulent pas ! Qui Vive, intrigué par une pancarte mêlant enjeux très locaux et nationaux, a tendu son micro à l’un d’entre eux.

Gaëlle Cloarec, le 18 septembre 2025

Manifestation du 18/09/25 à Marseille. Un manifestant tient une pancarte "Non au Boulevard Urbain Sud / Macron démission" © Gaëlle Cloarec

Manifestation du 18/09/25 à Marseille. Une manifestante tient une pancarte "No nature, no future" © Gaëlle Cloarec

Manifestation du 18/09/25 à Marseille. Un manifestant tient une pancarte "Objecteur de croissance : produire moins, partager plus, décider ensemble" © Gaëlle Cloarec

Manifestation du 10/09/25 à Marseille. Un manifestant tient une pancarte "Démocratie directe : pour défendre le vivant, à bas le capitalisme" © Gaëlle Cloarec

Manifestation du 10/09/25 à Marseille. Affiche "Non à la loi Duplomb" © Gaëlle Cloarec