La nature provençale dessinée par l’artiste Malika Moine
À l’occasion de la sortie du calendrier qu’elle publie chaque année, Qui Vive a rencontré Malika Moine dans son atelier au Vieux Port. A travers cet échange, cette artiste marseillaise, originaire du Lubéron, nous livre l’évolution de son parcours et de sa vision de l’écologie.
Comment avez-vous commencé à dessiner ?
C’était il y a trente ans, j’étais en voyage au Mexique j’avais une boite d’aquarelle et un carnet. Avant je faisais de la photographie, mais je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus agréable le dessin, notamment le rapport que cela engendre avec les gens. Quand tu photographies quelqu’un en voyage, souvent la personne a l’impression qu’on lui vole son image. Avec un dessin, j’avais l’impression qu’au contraire je faisais un cadeau à la personne que je dessinais.
Qu’aimez-vous dessiner ?
Pendant mes voyages j’ai au début longtemps dessiné les villes et leurs habitants. Mon inspiration était très urbaine. Pendant cette période je n’arrivais pas à dessiner s’il n’y avait pas au moins un poteau électrique ! J’ai adoré dessiner la foule à travers les nombreux concerts et manifestations auxquels j’ai participé. Mais là, ça commence à faire quelques années que je dessine aussi du végétal, que cela soit des plantes, des paysages ou des planches botaniques.
Quel est votre regard sur la nature provençale ?
On peut avoir plein de regards différents. En campagne, ce qui me choque c’est de voir l’envahissement sur cette nature. Année par année, j’ai pu remarquer, par exemple l’évolution des paysages du Lubéron. À force de dessiner cette belle région, j’ai pu observer qu’une grande partie de ses chemins communaux, jadis publics et empruntés par tous, se font progressivement grignoter par la spéculation immobilière, avec de nombreux riches propriétaires qui prolifèrent avec leurs maisons secondaires. En ville, l’enjeu est différent. Comme d’autres, j’aimerais qu’elle soit verte. De plus en plus, les villes prennent un bon chemin, en permettant aux citoyens de végétaliser, en faisant des trous dans les trottoirs, en y mettant des plantes. En ces temps caniculaires, c’est merveilleux, puisqu’on sait que là où il y a des plantes, la température baisse. J’ai vu ça à Nîmes et à Lyon, mais pas assez à Marseille, j’espère qu’on va s’y mettre plus résolument.
[ NDLR : cette cartographie détaille la couverture végétale de Marseille (-20 points par rapport à la moyenne nationale, sur la couverture herbacée et arborée) ]
Pouvez-vous nous présenter votre calendrier ?
Il s’agit de mon onzième calendrier, j’en fais depuis 2015. À chaque période de l’année, je réfléchis au dessin qui pourrait s’y retrouver. Les illustrations représentent le mois attribué. Pour janvier, par exemple, j’ai choisi les arbres sans leurs feuilles. En mars, j’ai mis la manif féministe du 8 mars, puisque je n’ai jamais cessé de dessiner les manifestations. Tous ces dessins sont accompagnés de citations de Phil G, quelqu’un qui m’accompagne depuis longtemps, que je peux qualifier de poète avec beaucoup d’humour, et qui est très engagé.
Propos recueillis par Nicolas Delcros, le 15 novembre 2025
Dans les kiosques à journaux et dans la plupart des librairies indépendantes, « sauf évidemment les grosses enseignes« , en venant à sa rencontre directement sur les marchés de Noël, ou en lui rendant visite dans son atelier au 3 rue Fortia, 13001 Marseille. Toutes les infos figurent sur son site : malikamoine.org

Calendrier 2026 © Malika Moine
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